Les Mikrodystopies, c’est quoi ?

Les Mikrodystopies décrivent des situations insolites en un texte ultra court, quelques caractères seulement, et nous projettent dans un futur pas si lointain où les réseaux sociaux, les robots et les intelligences artificielles auront réellement envahi notre quotidien.

Les Mikrodystopies sont courtes car elles sont issues du réseau social Twitter (aujourd'hui X) sur lequel elles ont été publiées entre 2018 et 2023. Chaque situation de leur quotidien futuriste y est décrite en 280 caractères, pas un de plus, espaces compris. C'est la taille d'un tweet, et cela permet déjà de faire passer beaucoup d'idées et d'imaginaires. cette contrainte de taille rend leur exercice d'écriture et de concision d'autant plus ludique et intéressant.

Les Mikrodystopies ont fait l'objet d'un recueil en 2020, disponible chez C&F Éditions et sont aujourd'hui disponibles en intégralité sur le site www.mikrodystopies.com.

Mikrodystopies

Pourquoi écrire des Mikrodystopies ?

Outre son aspect divertissant, l’écriture de micro-fictions (de récits très courts) permet de questionner la place de plus en plus importante qu’occupe la technologie dans notre quotidien.

Chacune des Mikrodystopies prend place dans notre vie de tous les jours. Quand nous sommes entourés de notre famille, au lycée ou au travail, où nous côtoyons déjà énormément la technologie. Ou quand nous partons en voyage, alors que l’on nous promet des voitures autonomes ou… volantes.

L’écriture des Mikrodystopies permet d’imaginer la relation future que nous pourrions avoir avec ces appareils, les services qu’ils pourraient nous rendre mais également les problèmes dont ils pourraient être la cause. Ces histoires sont le reflet de la relation que nous avons déjà avec la technologie qui nous entoure.

Mikrodystopies

Comment écrire une Mikrodystopie ?

L’écriture d’une Mikrodystopie suit trois règles très simples :

  1. Les Mikrodystopies ne sont pas des histoires, ce sont des situations du quotidien. Sortie avec les copains, repas de famille… la vie de tous les jours se prête aisément à la dystopie. N’imaginez pas trop loin ! Inspirez-vous de votre quotidien, c’est le meilleur moyen de créer un décalage.

  2. Les Mikrodystopies se jouent des innovations technologiques. Sur Internet, de nombreux sites se font l’écho des dernières innovations et peuvent servir d’inspiration. Imaginez comment la technologie qu’ils présentent va chambouler notre quotidien… C’est alors que surgit la dystopie !

  3. Les Mikrodystopies, c’est 280 caractères ! Cela inclut signes de ponctuation et espaces. Restez simple et percutant… Ne cherchez pas à raconter une histoire, exposez simplement une situation dérangeante, intrigante. Quant à la forme, n’hésitez pas à user de dialogues ou de synonymes, cela aide à raccourcir les textes.

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Un exemple ?

Rien de tel qu'un exemple pour bien comprendre cette mécanique. Voici une situation banale qui pourrait vite se trouver transformée, pour peu qu’on y mêle un peu de technologie et d’imagination :

  1. Une situation du quotidien : Pour ses parents, Sacha passe trop de temps sur son smartphone. Ils le confisquent et le cachent souvent pour qu’il se concentre sur de « vraies activités ».

  2. Une innovation technologique : Demain, des implants greffés sous la peau nous permettront d’être connecté à distance à n’importe quel appareil électronique et de le commander par simple geste.

  3. Une Mikrodystopie : Sacha arpentait le séjour de l’appartement, passant doucement ses mains au-dessus des différentes étagères... Les capteurs électroniques présents au bout de ses doigts se mirent soudain à vibrer, indiquant l’endroit où ses parents avaient caché son smartphone. (260 caractères)

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Animer un atelier d'écriture de Mikrodystopies

L’animation d'un atelier écriture de Mikrodystopies est une opération basique. Le process décrit ci-dessous convient généralement à une audience d'une dizaine à une quinzaine de personnes, si possible présents physiquement au même endroit. Le matériel nécessaire est minime : des stylos et des feuilles de papier (ou de grands post-it) pour l’ensemble des participants, une surface sur laquelle coller les histoires produites au cours de l'atelier et, en option, un ordinateur et un projecteur afin de partager quelques exemples de Mikrodystopies.

L'atelier lui-même se déroule en 4 étapes :

  1. Présentation de l’atelier (5 à 10 minutes)
  2. Première phase d’écriture et de partage (10 à 15 minutes environ)
  3. Seconde phase d'écriture ou débat (30 minutes)
  4. Clôture de l'atelier (5 à 10 minutes)

Mikrodystopies

1 - Présentation de l’atelier (5 à 10 minutes)

Expliquez ce que sont les Mikrodystopies et présentez leur technique d’écriture via un exemple.

2 - Première phase d’écriture et de partage (10 à 15 minutes environ)

Les participants imaginent leur premier récit. Laissez à chacun 10 minutes d’écriture libre, et accompagnez si nécessaire ceux qui bloquent ou manquent d’inspiration. Chacun partage ensuite ses premières histoires à haute voix. Ecouragez les autres participants à réagir à ce qu’évoque la situation imaginée.

3 - Seconde phase d'écriture ou débat (30 minutes)

Selon la dynamique, lancez un second tour d'écriture, en explorant par exemple l'une des variantes décrites plus loin, ou consacrez la suite de l'atelier à un débat autour de l'écriture ou de la technologie.

4 - Clôture de l’atelier (5 à 10 minutes)

Terminez l’atelier en reccueillant les impressions de chacun.

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Aller plus loin : poser des contraintes d'écriture

L’écriture de Mikrodystopies peut devenir un exercice prospectif si l’on y ajoute quelques contraintes.

#1 - Imposer l’usage d’une technologie précise.

Commencez par imaginer plusieurs situations comme la préparation du repas du dimanche, un rendez-vous romantique le samedi soir ou la rentrée des classes. Situations au cours desquelles vous devez obligatoirement faire intervenir un… assistant vocal intelligent mais un peu trop autonome. Ces moments finalement assez banals peuvent alors très facilement dégénérer. Il est inutile de vous faire un dessin.

Ce premier type de contrainte d’écriture – le recours obligatoire à une technologie – permet d’imaginer les possibles effets indésirables de la technologie, son impact inattendu sur notre quotidien.

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#2 - Imaginer l’usage d’une technologie dans un contexte différent ou restreint.

Imaginez maintenant des situations impliquant la technologies mais dans un contexte imprévu. Il peut s’agir par exemple du recours à un traducteur automatique, d’un trajet en véhicule autonome, ou de la recherche d'un souvenir dans votre implant neuronal. Comment ces situations pourraient-elles être mises à mal par un changement de contexte ? Disons, la mise en place de quota d’usage du réseau Internet, celui-ci n’étant désormais accessible que deux heures par jour.

Cet autre type de contrainte – le changement de contexte – permet d’envisager des hacks, des scénarios de contournement de notre technologie actuelle, et de mettre en lumière nos propres dépendances.

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#3 - Interdire l’usage d’une technologie.

Imaginez cette fois le monde qui vous entoure mais dans lequel une technologie a entièrement disparu (ou a été interdite). Cela peut-être l’usage du smartphone, de l’automobile, de l’avion, ou de n’importe quel autre outil technologique. Il ne s’agit pas ici de revenir en arrière, mais d’imaginer des usages alternatifs à la technologie. Par exemple : vous avez bien accès aux données cartographiques de votre smartphone, en temps réel, mais la localisation GPS n'est plus autorisée. Comment se repérer lors de vos déplacements ? Quels scénarios imaginer ?

Cette dernière contrainte – la disparition d’une technologie – permet d’envisager des solutions d'austérité, de contournement, voire de mettre en avant des solutions low-tech.

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#4 - Passer à l'utopie.

Un dernier exercice ? Changez radicalement de mode d'imagination et passez l'utopie. L'utopie, cela consiste à imaginer des futurs souhaitables, des alternatives où la technologie n'a pas forcément disparu mais dans lesquels vous auriez envie de vivre ou de travailler. Pour cela, n'hésitez pas à détourner les technologies de leur usages actuels, ou à reprendre à votre compte les 3 exercices précédents : imposer, changer de contexte ou interdire !

Cette alternative – le passage à l'utopie – peut changer radicalement votre façon d'écrire des micro-fictions, et ouvrir des pistes de réflexions inédites.

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C'est à vous !

Tenté par l'exercice ? Il ne vous reste plus qu'à saisir votre clavier ou votre stylo.

Différentes organisations ont déjà mené des ateliers d'écriture de Mikrodystopies au cours des dernières années : le réseau Canopé autour de la thématique de l'éducation, le Laboratoire d'Innvation Numérique de la CNIL, l'association futurs proches ou encore la Fondation Internet nouvelle génération, mais également dans les milieux éducatifs et culturels.

Envie d'organiser votre propre atelier d'écriture ? Contactez-moi et nous pourrons discuter ensemble de votre projet.

François Houste

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Quelques liens pour aller plus loin

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